jeudi 25 juin 2009

Cadeaux empoisonnés.

Quand on est enfant cambodgien, on nous offre toujours des cadeaux qui viennent du Cambodge et qui sont a priori très jolis. Une belle apsara dans un cadre, des bijoux en or représentant votre signe astrologique, des écharpes en soie, et aussi des vêtements avec au choix le temple d'angkor wat, ou le drapeau du Cambodge avec le temple d'angkor Wat dessus, ou l'alphabet khmer, ou bien d'autres choses qui éloignent les gens qui auraient bien aimé vous demander quelle est votre origine (C'est comme le Port-Salut, c'est marqué dessus).



Soyons d'accords, des cadeaux comme ça, ça ne se refuse pas.
Mais passée la vingtaine, vous emmagasinez une bonne dizaine de t-shirts et une trentaine d'écharpes en soie, que vous ne mettez jamais parce qu'ils sont immondes et que les seules personnes qui osent mettre ces t-shirts en public sont vos parents (surtout votre papa qui sort avec le t-shirt, le bermuda et les tongs, ne faites pas les innocents, tous les papas khmers font ça), et tous vos oncles (qui s'habillent comme votre papa, sauf que eux, comme ils ont la « classe », ils portent avec des lunettes Gucci et un béret Lacoste).

Mais aujourd'hui, les choses vont changer, les amis. Oui, jeunes filles khmères, je vous parle à vous, qui cachez au fond de vos armoires toutes ces écharpes et ces t-shirts, et je vous dis, oui, MAIS OUI, sortez moi tout ça car moi, la grande Tévy, je vais vous donner des petits trucs pour porter ces vêtements, et en plus avoir l'air de sortir d'un magazine de mode puisque tout le monde sait que ce sont les khmères les plus belles (non je n'en rajoute pas, surtout pour les métisses).

Avec la mode du « boyfriend-tout » (boyfriend jean, boyfriend chemise, boyfriend gilet...), vous avez la chance de pouvoir porter des vêtements dix fois trop grands pour vous sans que personne ne vous traite de sac à patates,
et avec l'avantage qu'on vous dise que vous êtes hyper fashion de la mort qui tue sa race. Il est donc temps de sortir du fond du placard ce vieux t-shirt que votre tante vous a ramené du sro-khmer en taille M parce qu'elle avait peur qu'il vous aille trop petit, et de le porter comme ceci:



Bon là on voit pas, mais j'ai poussé le look été au maximum en portant ce petit t-shirt avec un mini short en jean, des spartiates, des maxi accessoires comme mon bracelet et mes boucles d'oreilles. C'est très simple, ça fait grand effet, et tout le monde se demandera où vous avez dégotté ce t-shirt si vintage ;).

Pour le t-shirt en taille L, j'ai préféré le porter comme ceci:



On fait blouser le t shirt sur un slim avec une ceinture, les cheveux relevés c'est toujours plus sympa pour mettre en valeur le t-shirt, et des talons de pouffiasse (ne riez pas, nous en avons toutes une paire à la maison).

Sinon il y a toujours l'épineux problème de ces fameuses écharpes en soie.
Elles sont très belles comme ça, mais bon, une écharpe en soie en hiver ça couvre pas des masses du froid, et puis une écharpe en été, non merci. Le truc c'est donc de détourner l'écharpe pour en faire un accessoire qui donne du pep's à une tenue. Un exemple là:



Juste un short et un top noirs, avec une écharpe en soie rouge (oui je sais, en général elles sont jaunes, mais ca se fait très bien aussi avec), portée en ceinture. Sinon vous avez la version encore plus chic:



Ma tenue de Noël dernier, le tailleur avec juste l'écharpe rouge portée tout simplement sur les épaules.

Enfin tout ça non pas pour faire une rubrique modasse mais pour dire qu'il n'y a pas de honte a porter des vêtements qui montrent d'où l'on vient, du moment qu'on le porte comme on est. Alors amusez-vous!

mardi 2 juin 2009

La khmérification.

J'ai dit plusieurs fois que j'adorais les mélanges, les métissages, et j'ajouterai même que c'est ce qui fait ma toute ma personnalité: la tolérance envers ce qui est différent, la curiosité pour tout ce qui est nouveau, comme les mélanges surprenants mais non moins détonants. Malheureusement, il y a des limites a la tolérance et il y a certaines choses que l'on ne peut mélanger: le sucré-salé c'est très bon, mais la salade de fruits a la mayonnaise, beaucoup moins, et le mélange des styles et la fusion je trouve ça génial, mais cette fille, là bas, qui a mis ses après-skis avec une minijupe et un débardeur par 35°, elle est fucking ridiculous.

Je dois dire que je ne savais pas à quel point les cambodgiens adoraient « khmerifier » tout et n'importe quoi jusqu'au fameux jour où les premières fraises de la saison sont arrivées chez moi. Elles m'attendaient, là, baignant dans leur jus, après une journée de travail épuisante et un trajet en transports interminable. Alors en les voyant là, m'appeler, me supplier de les manger, je me suis empressée de sauver ces pauvres fraises agonisantes en prenant un bol, une grande cuillère, et surtout une portion qui aurait fait pâlir Hulk lui même.

J'étais au courant que les khmers aimaient manger les fruits acides avec du sel, je croyais même que c'était une habitude française, mais là, franchement, quand j'ai pris une grosse cuillerée de fraises au sel, j'ai été surprise, voire même presque dégoutée. Le melon avec du sel, passe encore, on mange bien du jambon cru avec, mais les fraises au sel... Sacrilège. Là, désolé, mais ça ne marche pas.

Pour la petite histoire, ma belle-mère mange toujours ses fraises avec du sel. Elle trouve ça délicieux. Ca je veux bien, même si je pense toujours au fond de moi que c'est un sacrilège. M'enfin, tata, pourquoi le saladier entier? Et moi, les fraises, je les mange comment si tu les fais toutes au sel hein?

Alors oui, je suis pour la tolérance, le partage des opinions, la fusion des cultures, les mélanges... Mais manger des fraises avec du sel, c'est comme manger du riz avec du nutella: comme ça, ça a l'air d'une bonne idée, mais quand on essaye, au final on aurait préféré ne jamais l'avoir eue.