mardi 23 novembre 2010

Ca sent le sapin ici.

La beauté en asie et celle en occident sont totalement différentes, je dois dire. D'ailleurs, mon père a toujours été sidéré par le fait que les français aiment les animaux de pure race. Au Cambodge, on privilégie toujours le métissage. Partout. Même chez les animaux.

Oui, les critères de beauté en asie et en occident sont assez différents. Prenons un exemple très simple: la couleur de la peau.
En asie, avoir une peau très blanche est un signe de beauté, je dirais même de richesse. Un asiatique pense que quelqu'un qui a la peau blanche ne travaille pas en extérieur, donc n'est pas un paysan. Il n'est pas rare de voir encore les femmes se promener avec des ombrelles et porter de longs gants pour protéger leur peau en plein été en Chine, par exemple. Ces mêmes femmes trouveraient aberrant de payer pour entrer dans une cabine à UV. Ou de passer des heures sur la plage tartinée d'huile solaire.

Bien sûr, aujourd'hui je fais ma fière. J'écris des articles pour expliquer aux petits français que les bridés aiment avoir la peau blanche. Mais je ne l'ai pas toujours su: il y a deux ans, pour Noël, je décidais de retourner dans le sud pour me faire un réveillon arrosé de sauce de poisson, de brochettes boeuf-citronnelle et de nems maison. J'appelle papa, je lui demande ce qu'il veut exactement pour Noël, puisque vu qu'on a jamais fêté Noël à la maison je ne savais pas trop quoi offrir. Papa me dit que pour lui, ce n'est pas la peine de ramener quoi que ce soit, mais que ce serait sympa de ramener un cadeau à ma belle mère.

Pas de souci. Vraiment pas de souci.
Il n'y a rien de plus facile que d'offrir un cadeau à une femme, parce qu'on a l'embarras du choix: parfums, bijoux, vêtements, chocolats, bouquet de fleurs, autant de choses qui font toujours plaisir et qui s'offrent facilement. Cette année là, j'opte pour une petite boite remplie de produits de beauté. Une boite dorée.

C'est beau, l'or, hein? L'or, avec le rouge, ça fait très Noël. Alors, je me lâche, et je remplis la petite boîte avec plein de produis de beauté coordonnés avec la couleur de la boîte.

Vous ne voyez pas encore où je veux en venir? A votre avis quel produit de beauté a un emballage jaune ou doré qui irait parfaitement avec la boîte? Un fard à paupières? Oui, j'en ai mis un dans la boîte. Un anti cernes YSL? Oui, elle y a eu droit. Rien d'autre?

...

J'ai offert à ma belle mère, une femme on ne peut plus asiatique, un soin après soleil, pour conserver son bronzage. Un beau flacon blanc et jaune, qui allait parfaitement avec la boîte que je lui avais offerte. Vous auriez vu la tête de la belle doche à l'ouverture de la boîte, ça vous aurait fait bien rire, tiens. Bah pas elle. Et puis pas moi, bien évidemment.

Mais c'est bien, j'ai eu aussi le loisir de voir que chez les paysans asiatiques, ça ne pose de problème à personne de refiler les cadeaux qui ne nous plaisent pas à d'autres personnes
, et ce même devant la personne qui vous a offert le cadeau en question. Ma cousine a été très contente de son fard à paupières et de son soin pour la peau. Vraiment.

Mais en résumé, j'ai passé un très bon Noël. C'est assez déplacé de dire ça après avoir pourri ma belle doche en la traitant de paysanne pour une erreur que j'ai faite, mais que voulez vous, mieux vaut en rire. Et puis je lui ai offert un soin blanchissant pour la peau en rentrant du Cambodge. J'ai bien appris la leçon, hein? Vous êtes fiers, hein? Nan? Bon, ok, je sors.

mercredi 17 novembre 2010

Brève du Srok Barang : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les asiatiques.

Je prépare une vidéo, quelqu'un a-t-il une question sur les asiatiques dont il aurait toujours voulu avoir la réponse? Vous pourrez vous fouttre de moi et de mes réponses en images après, promis ^^

jeudi 11 novembre 2010

Oyez Oyez, les nouveautés sont arrivées.

Déjà, matez moi cette vidéo et riez comme des petits nems que vous êtes.



Et ensuite, ho! Actualité! Plein de petits liens en bas des articles pour les partager sur vos réseaux sociaux préférés: facebook, twitter, et plein d'autres que je ne connais pas mais ça va venir. Alors, partagez, et faites en sorte d'être des petits nems, oui, mais des nems connectés.

Nom sôm (ou gâteaux de riz à la banane) à tous!

Tu le sens mon gros karma collectif?

Je me sens un petit peu honteuse d'avoir laissé mon blog à l'abandon aussi longtemps alors que des gens me laissaient encore des commentaires sur certains de mes articles, et particulièrement sur « Je m'appelle Tévy », qui a eu l'air d'avoir beaucoup de succès, et j'en suis sincèrement ravie, croyez moi.

Cette petite intro touchante en gnangnan passée, je reviens ici pour vous parler d'un sujet qui m'a particulièrement touchée ces derniers temps. Le sujet du bouddhisme, enfin plus précisément du karma.
Pour ça, il faut que je vous explique ce qu'est le karma depuis le début. Ce que le bouddhisme signifie pour les asiatiques, et tout ce qu'il signifie dans l'histoire du Cambodge ainsi que l'histoire de la diaspora cambodgienne aujourd'hui. Alors on va faire ça. On a le temps non? Et puis vu tout ce temps où je vous ai laissés seuls, je peux bien vous pondre un article de vingt pages, hein :).

Je tiens à préciser que je vais parler ici du bouddhisme du Grand Véhicule, celui que je connais le mieux, que j'ai le plus fréquenté en fait, aussi.
Donc s'il y a des différences avec ce que l'on a pu vous dire du bouddhisme, c'est seulement parce qu'il existe plusieurs types de bouddhisme. Sans parler de l'hindouisme, et de plein d'autres trucs dont je ne vais pas parler aujourd'hui sinon on va tous mourir d'ennui et de désespoir, noyés sous notre propre bave après avoir fait une crise d'épilepsie de vingt minutes. Minimum.

Disons que si je devais commencer par quelque part, je dirais que l'on a tous entendu parler du karma. Plus ou moins. On sait tous que le karma, c'est une sorte de destin propre à chacun, d'avenir tout tracé. En fait, on explique l'histoire du karma à la création du monde: les Bouddhas étaient tous réunis au Nirvana et devaient prendre pour décision de descendre sur Terre ou pas. Et s'ils prenaient la décision de descendre sur Terre, ils devaient choisir une souffrance. La peur, la colère, l'humiliation, et ainsi de suite. Donc, en simple et clair, chaque humain est un bouddha qui trimballe une souffrance avec lui. Et c'est elle que l'humain doit accepter, puis changer, pour devenir un être bouddha, un être éveillé (vous l'aurez compris, bouddha veut dire « éveillé »).

Si on va plus loin, il existe des karmas individuels et collectifs.
Et c'est là que je veux en venir. Pour les bouddhistes, ce que les juifs appellent la Shoah est leur karma collectif, le karma de persécution. Et si je parle de la Shoah, que je prends cet exemple précis, ce n'est pas par hasard. C'est surtout parce que la plupart des cambodgiens qui ont fui la guerre et sont aujourd'hui à l'étranger sont très admiratifs de cette tradition de devoir de mémoire. En effet, comme je l'ai dit dans un article précédent sur ma visite de Tuol Sleng, les cambodgiens sont très réticents dans le fait de retourner sur les lieux d'un drame, ils ne parlent jamais des défunts de leurs famille qui sont morts tués et torturés par les Khmers Rouges, et la plupart des jeunes cambodgiens ne savent absolument pas ce qu'est le communisme et ce qu'il s'est passé en 1978.

C'est ce qu'on appellerait le karma collectif des cambodgiens. Le karma de la fuite face à l'autorité. Et ce qui est le plus drôle, c'est qu'on aura beau être les plus cartésiens possible, absolument tous les cambodgiens ont un problème face à l'autorité. Tous. Des parents aux patrons, nous avons tous cette chance, parce que oui, c'est une chance, d'avoir une figure très autoritaire, voire trop autoritaire, voire dictatoriale, dans notre entourage. C'est une chance parce que cela nous donne la possibilité de changer les choses, nous, en tant qu'êtres humains qui sommes sortis de l'horreur, et de prendre en main nos vies pour enfin faire la différence et changer, changer notre karma. Ou notre destinée. Ou notre vie. M'enfin appelez ça comme vous le voudrez, de toute façon, ça revient au même: ce qui fait la force du peuple cambodgien aujourd'hui, c'est d'avoir la chance de pouvoir faire face à nos difficultés, pour pouvoir les vaincre, et nous encourager les uns les autres avec nos victoires propres.

Et donc, depuis le début, le but de ce blog, c'est ça
: c'est de prendre cette philosophie, et de la tourner à ma sauce métisse. Je ne veux plus que l'on parle du peuple khmer comme d'un peuple persécuté pendant des années, qui a vécu un génocide, et qui peine à s'en sortir. Non. Je veux qu'on parle enfin de la culture khmère comme de quelque chose de joyeux, de femmes qui disent que les meilleurs souvenirs qu'elles aient eus étaient ceux qu'elles se sont faits dans les camps de réfugiés thaïlandais, de jeunes filles qui vont pour la première fois sur leur terre natale et qui comprennent enfin ce qu'était ce bâtiment bizarre sur tous les tableaux de leur maison, de roulages de nems collectif (je vous vois sourire, je parle d'un vrai nem, pas d'autre chose bande de pervers), d'apprentissage d'utilisation de baguettes, etc, etc.

Je veux qu'enfin, les cambodgiens n'aient plus honte de leur karma collectif.
Je veux qu'ils soient fiers d'avoir vécu ce qu'ils ont vécu, parce que c'est ce qui fait d'eux ce qu'ils sont aujourd'hui. Je veux que les enfants métisses arrêtent d'avoir honte d'être des petits jaunes et brandissent leurs baguettes en criant qu'ils aiment le prahok. Parce que le prahok, c'est le bien. Et que même si ça pue, bah c'est vachement bon quand même.

Et surtout, je veux qu'ils soient enfin heureux. Alors, soyez heureux, les gens! Et portez vous bien !