Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais mes parents
sont divorcés. C’est la raison pour laquelle je parle beaucoup plus de mon père
que de ma mère dans ce blog, parce que je le vois beaucoup plus. Je connais
très peu de couples métisses où le mari est cambodgien et la femme française.
Ca se produit rarement. J’ai quelques hypothèses à ce sujet, mais je ne suis
pas vraiment ethnologue alors je ne pense pas que je développerai là-dessus. Moi-même,
je n’ai jamais vraiment pensé à me mettre en couple avec un homme qui n’aurait
pas la même culture que celle dans laquelle j’ai grandi. Je me sentirais
vraiment trop éloignée de lui, je ne sais pas si je serais capable de construire
des choses avec.
Je me demande souvent si c’est parce que mes parents sont
divorcés que je me tourne généralement vers des hommes français quand je veux
me mettre en couple. La peur de reproduire les mêmes erreurs que mes parents,
tout ça. C’est vrai que je n’ai jamais pensé à fonder une famille quand je suis
partie en Chine. Pourtant, j’aurais facilement pu trouver un boulot et un
chinois (les asiatiques adulent littéralement les métisses), mais je ne l’ai
pas fait. Ca ne m’a jamais vraiment tenté.
Il faut dire que je connais tous les inconvénients de se
mettre en couple avec un asiatique : la famille omniprésente, devoir aider
tout le monde tout le temps pour être bien vue, et puis devoir se marier, et
vite surtout. J’aurais absolument détesté vivre à l’asiatique. J’adore être une
enfant asiatique, et me faire chouchouter par mes parents, avoir des valeurs de
paix et de respect avec ses parents, mais je trouve qu’il y a encore trop de
disparités entre les couples français et les couples asiatiques. Comme la
répartition des tâches, l’éducation des enfants, etc.
Je n’ai jamais vraiment été prête à totalement embrasser ma
vie de cambodgienne tout comme ma vie de française. Il m’est toujours apparu
que de me mettre en couple avec un asiatique, c’était devoir aussi accepter un
mode de vie qui n’était pas le mien. Je sais bien que c’est assez facile de
prendre le meilleur des deux cultures, de mélanger et de faire un truc super
avec, mais il faudra aussi un jour que je fasse un bilan : mes enfants ne
seront qu’au quart cambodgiens, comment percevront-ils leur grand père et toute
ma famille du côté khmer ?
Parce que oui, le problème du couple moi métisse + homme
français, ça veut aussi dire enfants quarterons (d’ici à ce que j’aie des
enfants, on trouvera un autre terme je suppose). Et eux, que retiendront-ils de
la culture cambodgienne ? Se sentiront-ils parfaitement français,
métisses, ou y aura-t-il une nouvelle génération, avec de nouvelles
problématiques, et une nouvelle culture, que l’on appellera la culture
quarteronne ?
J’essaie de m’y retrouver dans ces méandres généalogiques.
Je me pose énormément de questions sur ce qu’engendre un couple métisse. Mes
parents se sont mariés à la va-vite à la mairie avec deux ou trois personnes
comme témoins. Et moi, je ferai quoi ? Trois mariages ? Un à la
mairie, l’autre à l’église catholique, et le troisième à l’église bouddhique ?
Je n’ai jamais vraiment envisagé le fait d’être métisse
comme quelque chose de compliqué. Pour moi, c’était une question de dosage, que
les autres ne comprennent pas ma situation était normal, et tout allait bien
tant que moi, je m’y retrouvais. Mais finalement rien n’est si facile quand on
accepte quelqu’un d’autre dans sa vie. Rien n’est tout noir, ou tout blanc
(hahah ouais surtout quand on est métisse). Encore une fois, il va falloir
faire face à l’inconnu, personne n’étant métisse dans ma famille à part mon
frère qui n’a pas l’air de se poser ce genre de questions. Et vous, vous en
pensez quoi de tout ça ?