lundi 15 décembre 2008

Les barrières de langue.

On m'a très souvent rapporté des situations qui ont un rapport avec les difficultés que l'on rencontre dans l'apprentissage d'une langue étrangère.

Quand on est étranger, à moins d'avoir une très bonne oreille et des capacités de restitution parfaites, il est fort probable que l'on ait un accent quand on parle une langue étrangère. Du côté cambodgien de ma famille, très peu sont ceux qui sont nés au Cambodge et n'ont pas d'accent khmer quand ils parlent français.

Prenons pour exemple mon père: la première rencontre qu'il a eu avec ma meilleure amie a donné lieu a une situation très cocasse. Mon père n'est pas seulement ne personne qui a un très fort accent quand il parle français mais il a aussi quelques problèmes d'audition. Le jour où il a accueilli ma meilleure amie, qui n'est pas du tout habituée a l'accent khmer, ça a donné ce dialogue là:

Papa: Bonjour
Elle: Bonjour
Papa: Ca va?
Elle (n'a pas compris a cause de l'accent): Comment?
Papa (n'a pas entendu a cause de sa surdité): D'accord.
Et il est parti. C'était de loin la situation la plus drôle que j'ai jamais vécue, due aux barrières de langues.

Le problème ne se pose pas que dans un sens: bien sûr, les français ne comprennent pas souvent les étrangers quand ils ont un très fort accent, mais les étrangers ont aussi beaucoup de problèmes avec la langue française, qui comporte beaucoup d'homonymes.

Pour illustrer mon propos, je vais maintenant parler d'une de mes tantes qui a passé son permis de conduire en France, et en français. Un jour, pendant mon petit déjeuner avant de partir en cours, elle me raconta ses péripéties au cours de son apprentissage de la conduite. Elle me dit qu'une fois, on lui avait montré une diapo de plage de stationnement et posé la question suivante: «  Faut-il se garer en épi, en bataille, en créneau ou à cheval? ». Sachant que le stationnement était interdit, elle répondit quand même « à cheval ». L'inspecteur, étonné, lui demandé d'expliquer sa réponse. Elle dit alors « Bah oui, le stationnement est interdit, on ne peut pas se garer, mais par contre, le cheval, lui, il passe! ». Ma tante m'étonnera toujours.

Les étrangers ont aussi beaucoup de mal avec tout ce qui est homophones. Je me souviendrai bien sûr toute ma vie du jour où je suis allée pour la première fois à la plage avec mon papa. Nous étions entre père et fille au bord de la mer, le ciel était bleu, et mon père voulait me montrer quelque chose. Il se mit alors a ma hauteur, pointa un doigt vers le ciel et dit: « regarde ma biche, les couettes qui volent! ». C'était des mouettes. Bien tenté papa.
La même tante, et toujours dans le cadre de son permis, devait répondre a la question suivante: «  Dans les embouteillages, doit on éteindre le moteur? ». Elle avait confondu « embouteillage » avec « cafétéria » et répondit donc que oui. Et puis elle ajouta: « Bah oui, quand on va aux embouteillages, pour prendre un café, un éteint le moteur pour pas se faire voler sa voiture ».

Bref. On se dit souvent que l'incompréhension engendre le désespoir, et dans certains cas, c'est totalement vrai. Ne pas avoir d'amis ou ne pas pouvoir leur parler dans leur langue est une chose très difficile. Mais pour ceux qui font l'effort de l'apprendre, cette langue, il se profile sur leur chemin de douces rigolades, qu'elles soient volontaires... Ou non.

1 commentaire:

Morgane a dit…

J'aime énormement ton blog, je viens de le parcourir et j'ai beaucoup ri et je me suis reconnu dans certaines situations. Une partie de ma famille est hongroise et mon grand-père est une des personnes les plus compliquées à comprendre que je connaisse à cause de son très fort accent et de son envie irrépressible de construire de nouveau mot français de manière à ce qu'ils correspondent plus à ce qu'il veut dire, or en général personne ne comprend et ça ne veut rien dire.

Bonne continuation en tout cas =)