mardi 3 avril 2012

La famille.


Je le dis, je le répète, je n’ai jamais été élevée à la cambodgienne. Mon grand frère et moi avons été élevés dans une ambiance bizarroïde, avec beaucoup d’écoute, mais peu de partage, finalement. Il y avait la pudeur de l’asie, que même ma mère embrassait (vous avez surement tous déjà dit à votre mère que vous l’aimiez, par exemple. Moi non. Jamais), et puis un peu de laxisme occidental  (on a regardé des films violents assez jeunes par exemple), et puis tout ça, ça donne des relations familiales particulièrement tendues et gênantes à expliquer.

Vivre dans une famille asiatique à 100%, c’est encore pire, je le sais. Quand mes parents ont divorcé et que je suis allé dans le sud pour finir mes études, mon père s’était déjà remarié avec ma belle-mère, qui est cambodgienne à 100% et qu’il a fait venir en France. Elle a voulu m’imposer son rythme de croisière cambodgien. Le rythme de croisière de la femme au foyer au Cambodge. N’ayant pas été élevée comme une cambodgienne, vous pouvez déjà voir le topo : j’ai tout rejeté en bloc. Je me faisais mal voir de toute la communauté cambodgienne parce qu’elle racontait à tout le monde que je voyais des garçons différents tous les weekends. Oui, tata, j’ai des amis. Et c’est pas parce que c’est des garçons que je me les tape. Le problème, c’est qu’elle aurait préféré que je l’aide à tout faire, le ménage, la vaisselle, la cuisine, élever mon petit frère qui avait 2 ans à l’époque, et ça, même le weekend alors que je n’avais pas cours et que je voulais voir mes amis. Je n’étais pas du tout consciente du fossé entre nos deux cultures. 

Alors, plus ma belle-mère s’énervait, plus mon père se faisait engueuler. Et plus il se déchargeait sur moi. Il a d’abord voulu me donner un couvre-feu. Alors j’ai fini par sortir en semaine. Il a voulu savoir qui étaient ces amis. Je les ai transformés en « amies ». Il a fini par me dire tous les jours à quel point j’étais mal élevée, à quel point j’étais française, à quel point les jeunes filles cambodgiennes étaient bien élevées, elles. Je n’ai jamais osé lui dire que les filles nées de deux parents cambodgiens se comportaient d’une façon exécrable, mais qu’elles le cachaient bien. Moi, j’allais juste voir mes potes. Mes cousines faisaient le mur, et le faisaient à partir de leur 16 ans pour aller en boîte (nous les asiatiques on a l’air jeune, alors personne ne nous demande nos cartes d’identité). J’ai des cousins qui se droguaient déjà au lycée, aussi. Mais de toute façon, c’est différent, ce sont des garçons, et les garçons ont beaucoup plus de libertés que les filles dans la communauté cambodgienne. 

J’ai encaissé les remarques, les rumeurs, les histoires sans queue ni tête de mes tantes, certaines disaient même que je disais du mal de mon père sur mon blog (j’ai dû lui donner l’adresse pour qu’il aille vérifier lui-même, et quand il a lu, il m’a dit « elles lisent pas assez bien le français pour comprendre tout ça, elles ont tout inventé », et il m’a finalement crue). Par contre, certaines de mes tantes m’ont toujours défendue. Et elles, elles ne lisent pas mon blog. Mon père m’engueulait parce que ma belle mère lui rapportait les rumeurs, et quand il lui demandait d’où ça venait, elle se taisait. Je ne sais toujours pas qui disait autant de mal de moi. Aujourd’hui, tout ça n’a plus aucune importance. 

Au bout d’un an, je suis partie faire mes études ailleurs. J’étais fatiguée. Je devais prendre l’air. Et puis j’ai rencontré des gens, plein de gens. Dont une fille qui a perdu son papa quand elle était jeune. Et qui m’a dit combien elle donnerait pour pouvoir encore lui parler (ça fait beaucoup si jamais vous voulez savoir). Et c’est en partie grâce à elle que je n’ai jamais coupé les ponts. J’ai rencontré une bouddhiste qui m’a aussi dit que l’une des bases d’une vie saine était d’entretenir des relations saines avec sa famille. Je voulais une vie saine. Et si jamais ça peut vous rassurer, vos parents ne veulent pas vous faire souffrir. Ils ne voudront jamais que vous souffriez. Quoi que vous fassiez, quoi qu’ils disent, quoi qu’il se passe, ils ne sont pas là pour que vous ayez mal. Ils veulent vous protéger. Et ils veulent avoir de bonnes relations avec vous. Vraiment. Mon père a toujours fait l’effort de m’appeler pour prendre de mes nouvelles, même s’il ne parle pas beaucoup. Même s’il m’a rendu la vie impossible pendant un an, il aurait pu refuser de me laisser vivre avec lui et ma belle-mère pour que je finisse mes études. Il aurait pu me trouver un appartement. Il ne l’a pas fait. Il a tout fait pour que ma vie soit facile. Il a toujours fait de même pour mon grand frère. 

Alors oui, je sais. Je sais, vraiment de tout cœur, je le dis avec une profonde humilité, et je ne suis pas là pour donner des leçons. Je sais qu’avoir des parents asiatiques, c’est dur. Qu’émotionnellement, c’est absolument bouleversant, de voir toutes ses amies faire des câlins à leurs parents, alors que nous, on se fait engueuler tout le temps. On a l’impression que nos parents ne nous aiment pas. On a l’impression qu’ils nous imposent leur culture, qu’ils font ça pour qu’on rentre dans leur moule. Mais non. Ce moule est juste le seul qu’ils connaissent. 

Mon père voulait connaître mes amis pour s’assurer que je ne faisais pas n’importe quoi avec les garçons et que ma belle-mère lui lâche la grappe avec les rumeurs qui couraient à mon sujet. Ma belle-mère ne supportait pas que je sorte de la maison parce qu’au Cambodge les filles ne sortent pas si les tâches ménagères ne sont pas finies, et elles n’ont d’amies que si elles se marient. Tout ça n’était pas de la torture, ce n’était pas destiné à me faire chier. C’était comme ça qu’ils avaient grandi. 

Et donc, quand j’ai compris ça, j’ai fini par appeler mon père plus régulièrement. Mon frère aussi. Parce que même mon grand frère n’appelait plus personne, et moi je ne l’appelais que si j’avais un problème. Maintenant, je fais des visites de courtoisie chez mon papa. Et quand j’aurai une maison, je les inviterai pour qu’ils puissent enfin venir me rendre visite. J’ai même appelé mon papa pour lui dire que j’avais décroché un CDI. Et mon grand frère l’a appelé pour lui dire qu’il avait eu le code (du premier coup). Nous ne sommes pas une famille des plus unies. Nous ne sommes pas une caricature de série télé américaine. Mais aujourd’hui, et ce beaucoup plus qu’avant, ça marche. C’est équilibré. Nous partageons des choses ensemble. Et nous en sommes heureux. Nous avons tous fait des efforts pour que ça marche, parce que nous souffrions de la situation. Et aujourd’hui, nous avons tous réussi.

Si je dis ça, c’est pour vous prouver que c’est possible. C’est possible d’avoir une relation saine avec sa famille, même si elle n’est pas de la même culture que la nôtre. Il faut juste agir pour le vouloir.

mercredi 28 mars 2012

Du couple franco-métisse.


Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais mes parents sont divorcés. C’est la raison pour laquelle je parle beaucoup plus de mon père que de ma mère dans ce blog, parce que je le vois beaucoup plus. Je connais très peu de couples métisses où le mari est cambodgien et la femme française. Ca se produit rarement. J’ai quelques hypothèses à ce sujet, mais je ne suis pas vraiment ethnologue alors je ne pense pas que je développerai là-dessus. Moi-même, je n’ai jamais vraiment pensé à me mettre en couple avec un homme qui n’aurait pas la même culture que celle dans laquelle j’ai grandi. Je me sentirais vraiment trop éloignée de lui, je ne sais pas si je serais capable de construire des choses avec.

Je me demande souvent si c’est parce que mes parents sont divorcés que je me tourne généralement vers des hommes français quand je veux me mettre en couple. La peur de reproduire les mêmes erreurs que mes parents, tout ça. C’est vrai que je n’ai jamais pensé à fonder une famille quand je suis partie en Chine. Pourtant, j’aurais facilement pu trouver un boulot et un chinois (les asiatiques adulent littéralement les métisses), mais je ne l’ai pas fait. Ca ne m’a jamais vraiment tenté.

Il faut dire que je connais tous les inconvénients de se mettre en couple avec un asiatique : la famille omniprésente, devoir aider tout le monde tout le temps pour être bien vue, et puis devoir se marier, et vite surtout. J’aurais absolument détesté vivre à l’asiatique. J’adore être une enfant asiatique, et me faire chouchouter par mes parents, avoir des valeurs de paix et de respect avec ses parents, mais je trouve qu’il y a encore trop de disparités entre les couples français et les couples asiatiques. Comme la répartition des tâches, l’éducation des enfants, etc. 

Je n’ai jamais vraiment été prête à totalement embrasser ma vie de cambodgienne tout comme ma vie de française. Il m’est toujours apparu que de me mettre en couple avec un asiatique, c’était devoir aussi accepter un mode de vie qui n’était pas le mien. Je sais bien que c’est assez facile de prendre le meilleur des deux cultures, de mélanger et de faire un truc super avec, mais il faudra aussi un jour que je fasse un bilan : mes enfants ne seront qu’au quart cambodgiens, comment percevront-ils leur grand père et toute ma famille du côté khmer ? 

Parce que oui, le problème du couple moi métisse + homme français, ça veut aussi dire enfants quarterons (d’ici à ce que j’aie des enfants, on trouvera un autre terme je suppose). Et eux, que retiendront-ils de la culture cambodgienne ? Se sentiront-ils parfaitement français, métisses, ou y aura-t-il une nouvelle génération, avec de nouvelles problématiques, et une nouvelle culture, que l’on appellera la culture quarteronne ?

J’essaie de m’y retrouver dans ces méandres généalogiques. Je me pose énormément de questions sur ce qu’engendre un couple métisse. Mes parents se sont mariés à la va-vite à la mairie avec deux ou trois personnes comme témoins. Et moi, je ferai quoi ? Trois mariages ? Un à la mairie, l’autre à l’église catholique, et le troisième à l’église bouddhique ? 

Je n’ai jamais vraiment envisagé le fait d’être métisse comme quelque chose de compliqué. Pour moi, c’était une question de dosage, que les autres ne comprennent pas ma situation était normal, et tout allait bien tant que moi, je m’y retrouvais. Mais finalement rien n’est si facile quand on accepte quelqu’un d’autre dans sa vie. Rien n’est tout noir, ou tout blanc (hahah ouais surtout quand on est métisse). Encore une fois, il va falloir faire face à l’inconnu, personne n’étant métisse dans ma famille à part mon frère qui n’a pas l’air de se poser ce genre de questions. Et vous, vous en pensez quoi de tout ça ?

lundi 19 mars 2012

La couleur de l'Asie


Aujourd’hui j’ai lu beaucoup d’articles sur la coloration des cheveux, et étant une fifille, j’ai bavé devant ces articles de blog comme un fan de Steve Jobs devant le dernier ipad (ouais désolé, j’ai pas trouvé mieux comme comparaison). Etant métisse, je ne sais pas trop comment aborder le problème. Parce que même si j’ai un physique très occidental, j’ai une chevelure très asiatique, et ça, en France, c’est un truc qu’il est très mal vu de modifier.

Je sais que je vais sûrement avoir l’air de compliquer un truc très simple,  mais je me suis très souvent demandé comment je deviendrais si jamais je m’éclaircissais les cheveux. Je ne parle pas de devenir blonde peroxydée, mais juste un éclaircissement d’un ton, histoire de devenir châtain. C’est juste une envie purement féminine, devenir autre, changer, adopter une couleur qui pourrait m’aller bien et que je changerais en un rien de temps si jamais ça ne me plaisait pas.

Mais j’ai peur. Pas parce que, d’une manière générale, les femmes sont très attachées à leur chevelure, même si elles adoptent une coiffure relativement courte, mais parce qu’à part le fait qu’on ne voit plus mes yeux quand je souris (cf la bannière si jamais vous ne me croyez pas), mes cheveux sont l’un des seuls indices qui pourraient trahir mon appartenance à l’ethnie cambodgienne. J’ai peur de perdre ma petite crédibilité en tant qu’asiatique. J’ai peur que ce seul lien physique avec l’asie ne se brise brutalement si jamais je me colore (ou décolore comme vous voulez) les cheveux, et que je bascule d’un coup et devienne une caucasienne juste un peu bronzée. 

Je sais que c’est ridicule. Je sais qu’en plissant les yeux, on voit que je suis asiatique (hahah, pardon). Mais même. Je crois que le nombre de fois où on m’a dit que ça crevait les yeux que j’étais asiatique est infiniment inférieur au nombre de fois où on m’a dit « ah bon t’es cambodgienne ? Ah bah on dirait pas ». Et j’ai peur qu’en usant un peu plus ce mince fil qui m’unit physiquement à l’asie, on ne me dise plus « ah bon ? On dirait pas » mais « de toute façon, tu ressembles même pas à une cambodgienne, de quel droit tu te permets de t’exprimer sur la culture khmère ».

Alors non, intérieurement ça ne change rien. Ce n’est pas parce que je change de couleur de cheveux que je vais devenir complètement française. Mais les gens ne voient pas au premier regard ce que tu es dedans, mais ce que tu reflètes dehors. Et j’aurai beau penser très fort le contraire, je ne pourrai jamais le changer.

Le plus paradoxal dans tout ça, c’est que quand on est brune aux cheveux lisses (ce qui est plutôt rare en France admettez-le , en général les brunes aux yeux bleus sont des châtains colorées) en France on n’a pas idée de se colorer les cheveux. Alors qu’en Asie, c’est parfaitement normal, et même rentré dans les mœurs. Donc me colorer me rapprocherait plus d’une mentalité asiatique qu’occidentale. Mais physiquement, ça laisserait penser le contraire (je vous ai perdus là ?)

Bref. Tout ça pour dire que j’aimerais bien voir ce que ça fait d’être châtain. Pour me sentir un peu plus jolie. Pour changer. Mais contrairement à une française ou une cambodgienne, j’ai cette barrière, invisible, qui m’en empêche. Vous feriez quoi, vous ?

jeudi 15 mars 2012

Le duel improbable: Prahok vs Maroilles


C’est habituellement la talentueuse rédactrice Dark Gally qui fait ce genre de duels sur le Site de So Busy Girls, mais aujourd’hui j’ai décidé que c’était à moi de faire ce duel là, et que ça ne se passera pas ailleurs. En effet, aujourd’hui j’ai envie de faire s’affronter dans l’arène le Maroilles et le Prahok.
Si je voulais absolument faire un match entre les deux, c’est parce que les cambodgiens associent souvent les saveurs de leurs poissons fermentés avec celles du fromage. Voyons qui des deux l’emportera sur l’autre.



Caractéristiques du Prahok : Pour ceux et celles qui ne le sauraient pas, le Prahok est une pâte de poisson utilisée comme condiments pour parfumer les mets cambodgiens, de la soupe au amok en passant par les beignets en tous genres. Il est fait avec des poissons d’eau douce généralement, réduits en pâte par piétinement (sisi c’est comme ça qu’on fait juré), et fermenté avec du sel pendant plusieurs semaines. Les américains l’appellent le fromage de poisson, parce que ça sent über fort quand même.

Son point fort : il parfume agréablement les plats sans avoir le goût de poisson, même quand on n’aime pas ça. Probablement les bactéries de la fermentation qui tuent l’odeur du poisson pour la remplacer par une odeur de… De quoi au fait ?

Son point faible : Tandis que le maroilles est considéré dans le monde entier comme un mets délicat, le Prahok représente une barrière psychologique à franchir si jamais on veut le manger. Si on n’aime pas le poisson, on aura peur que le gout nous freine dans notre dégustation, et si on l’aime, on aura peur de manger du poisson pourri.

Mon avis perso : oui, mais mélangé avec autre chose. Trop peur de vomir.

Pourquoi il doit gagner : Parce que c’est le Cambodge qui en dépend









Caractéristiques du maroilles: Le maroilles, quant à lui, est un fromage à pâte molle, affiné pendant six semaines et qui a une odeur de pieds moisis. Il est originaire des départements du Nord et de l’Aisne, et est particulièrement apprécié pour son goût fin, et la facilité avec laquelle on peut le préparer cuit dans une tarte par exemple.





 Son point fort : Il séduira tous les adeptes du fromage fort et fondra agréablement sur n’importe quel support chaud. Les pâtes, les tartines grillées, le rebord du four.


Son point faible Tandis que le prahok se conserve en bocal, dans un sac plastique au fond d’un placard, le maroilles doit se conserver absolument dans un tupperware dans le frigo, peut être emballé dans du film plastique dans sa boite parce que son odeur embaume l’air quel que soit l’endroit où on le conserve


Mon avis perso : oui, mais pas le fromage entier. Trop peur de vomir.

Pourquoi il doit gagner : Parce que sinon, les Ch’tis vont me tuer



AND ZE WINNER IIIIIS le déodorant d'intérieur. Virez moi ça, mon nez va tomber.



mardi 6 mars 2012

Parti pris.


Je ne sais pas si, pendant l’écriture d’un blog, on peut vraiment rester complètement impartial et objectif. Dès la description du blog, on peut de suite voir mon point de vue sur le métissage : je le vis bien. Sisi. Certains de mes articles témoignent du mal-être qui a pu ressortir de mon métissage, comme là, par exemple. Et même si ça a l’air vachement facile, d’une part parce que j’ai une tête de française a ce qu’en disent les asiatiques (les occidentaux, eux, disent que j’ai une tête bizarre, c’est tout), il a fallu me battre pour arriver a concilier les deux parties de moi-même qui forment le tout que je suis aujourd’hui.

J’ai donc décidé de dire au monde à quel point des fois, être métisse, c’est merveilleux. J’vis pas dans le monde des bisounours, rassurez-vous, ils sont heureux tout le temps, c’est vachement effrayant. Mais avant de dire ça, je crois que j’ai oublié de dire le chemin que j’ai dû parcourir avant même de m’accepter telle que je suis, et je pense que pour mesurer à quel point l’acceptation en tant qu’entité a part entière est exceptionnelle pour une métisse, il faut savoir par quoi je suis passé. Alors je vais vous le raconter. Humblement, hein, et sans papillons qui volent ni de Hello Kitty qui se cache dans les prés.

Déjà, je l’ai dit, et redit, mais porter un prénom cambodgien, ça n’attire pas que des remarques gentilles et des curiosités de la part des gens. Au mois de novembre dernier, on m’a douloureusement rappelé que mes ancêtres venaient de Cochinchine. Etre issu d’une culture qui a été sous protectorat français pendant près d’un siècle, ça ne comporte pas que des avantages, ça donne aussi à certains l’envie d’asseoir leur supériorité sur votre culture comme si celle-ci n’avait pas été la plus grande d’Asie au Ve siècle. Bref. Je vous passe le cliché du racisme quand on est enfant d’émigré, je rappelle juste qu’il aurait été facile de ne pas le subir, surtout quand on a une tête aussi passe partout que la mienne. Il m’aurait suffi de dire que j’étais française, et que je revenais de vacances pour être aussi bronzée, tout simplement.

Ensuite, il y a beaucoup de parents cambodgiens, surtout dans les couples métissés, qui n’apprennent pas le cambodgien à leurs enfants. Moi-même, je n’ai jamais appris le khmer. Alors la discrimination se fait dans l’autre sens aussi. D’une part, on ne comprend rien pendant les dîners de famille, d’autre part, tout le monde se demande si vous  saurez vous servir de baguettes, ou que vous saurez vous comporter humblement avec les bonzes à la pagode. Non je ne suis pas née au Cambodge, non je ne parle pas le cambodgien, mais non, je ne suis pas complètement française. Allez vous retrouver là-dedans tiens.

Et puis pour en finir avec cette interminable liste de combats à mener pour l’acceptation de soi et de son métissage, j’ai eu une mère qui rejetait totalement la culture cambodgienne, et un père qui ne voulait pas nous traumatiser avec ses histoires de guerre, de colonisation, ou d’Angkor Wat, merveille du monde, patrimoine national etc. La culture cambodgienne, j’ai dû aller la chercher. Elle n’a jamais été chez moi, dès le départ. Elle ne m’a jamais mise à l’aise, avec ses potins sur moi racontés en cambodgien parce que j’avais des copains avec qui je sortais au ciné, que je m’habillais comme une française et que je parlais à mon père comme un égal et non comme un aîné. 

Soyons clairs : les points positifs dans le métissage, si on les trouve, c’est parce qu’on a mis du temps à les chercher. Son identité en tant qu’individu, même quand on est né de deux parents cambodgiens, elle est dure à trouver. Mais si on veut un équilibre, il faut se battre pour l’avoir. Personne ne viendra vous chercher pour mettre de l’ordre dans votre vie, personne ne changera les regards qui se posent sur vous si vous ne changez pas vous-mêmes. Etre heureux, aimer sa famille, s’aimer soi, c’est une chose qu’on se bat fort pour avoir et qui n’est pas acquis chez tout le monde. J’ai fait preuve de beaucoup de courage pour en arriver là, à affirmer mon identité, et même si tout ça a l’air acquis, ça ne l’a jamais été. Mon parti pris a toujours été de montrer qu’on peut être heureux même si on doit rassembler toutes les pièces du puzzle culturel pour qu’il veuille dire quelque chose. Mais je n’ai jamais dit que c’était facile.

samedi 3 mars 2012

Devoir de mémoire.


Avec mon papa, on a pas souvent de longues discussions sérieuses au coin du feu, voyez vous. Déjà, parce que mon papa, il parle PAS, et puis aussi, parce que cette pudeur entre parents et enfants cambodgiens a toujours été très présente dans ma famille. Ca, on en reparlera plus tard. Ce dont je veux vous parler aujourd’hui, c’est d’une discussion qu’on a eue papa et moi. Genre il a parlé et tout. Le sujet qui tient à cœur mon papa, c’est le devoir de mémoire.

Papa trouve que la force de notre histoire, en France, c’est qu’on s’en souvient, et qu’on la transmet. Aujourd’hui, personne ne passe à côté des deux guerres mondiales, tout le monde en connaît les dates, les principaux acteurs, et tout le monde sait plus ou moins ce qu’il s’est passé. Enfin en France. Et puis les juifs ont la Shoah par exemple. Papa admire beaucoup ça, cette transmission, le fait que dans une culture on se souvienne de toutes les erreurs qu’on ait commises dans le passé et qu’on n’essaie pas à tout pris d’oublier. Et même si on en a marre, d’entendre les vieux cacher quelque chose en disant que c’est au moins quelque chose que les boches n’auront pas (true story), on n’a pas essayé de cacher à tout prix notre souffrance et surtout à l’oublier.

Et puis, papa m’a raconté l’histoire de mon cousin. Aujourd’hui, mon cousin a un travail très haut placé dans l’administration francophone, il a une femme et une adorable petite fille. Mon cousin est né au Cambodge, parle cambodgien, français et anglais couramment. Avec un accent impeccable. Mon cousin est l’un des survivants de la politique génocidaire des khmers rouges. Il porte des lunettes, il est intellectuel et il a survécu alors que Pol Pot, dans sa folie meurtrière ordonnait de tuer toute forme de savoir intellectuel. Quand il était au Cambodge, il a donné un cours d’histoire sur la période des khmers rouges a des enfants du pays. Et, fait impensable en France, dans le pays du savoir et du devoir de mémoire, les enfants ne l’ont pas cru. Ils l’ont traité de menteur, ce qui l’a forcé à quitter la classe en trombe, de tristesse et de rage.

Au Cambodge, quand je suis moi-même allé visiter le camp de la mort S-21, mon oncle, la veille, m’a dit de ne pas y aller, qu’il fallait oublier, que j’étais folle de vouloir remuer tout ça. Mais moi, avec cette culture française qui me caractérisait a moitié, je pensais qu’il était temps de me confronter a ces souvenirs, tellement horribles, mais aussi tellement nécessaires. Parce qu’il fallait que je sache. Et ces enfants, qui se sont moqué de mon cousin, sont revenus le lendemain le voir, parce qu’ils avaient envie de s’excuser. Ils avaient demandé à leurs parents si cette histoire était vraie, et ils avaient appris la vérité.

En sachant ça, je me demande souvent où se situe le devoir de mémoire. Ne nous voilons pas la face : on en a marre de voir des génocides, qu’on nous rappelle que les régimes communistes et totalitaires sont dangereux et ont fait des ravages partout dans le monde. On en a assez qu’on nous rappelle que les nazis, ils étaient pas gentils, et qu’ils ont tué plein de gens. Mais je me demande ce qui est le plus mauvais : de répéter encore et encore que l’histoire a été douloureuse jusqu’à ce qu’on en ait la nausée, ou de vouloir l’oublier, et ce tellement fort qu’elle en perd toute crédibilité ?

A votre avis, où se trouve le juste milieu entre un devoir de mémoire tellement fort qu’on en ait plus du tout envie de s’intéresser à l’histoire, ou un devoir d’oubli ? D’un côté, on a un tel devoir de mémoire qu’il en devient oppressant et que l’on en arrive a en ne plus s’intéresser à l’actualité, et de l’autre on en arrive presque à une totale désinformation. A votre avis, le juste milieu, il est où ?

jeudi 1 mars 2012

Quand on a des cheveux comme des baguettes, comment on fait des bouclettes ?



Mais très bonne question que je pose là ! Ma mère ayant toujours été fan de permanentes ou de cheveux courts, et étant française aussi, elle n’a pas vraiment eu l’occasion de m’apprendre les rudiments de la coiffure des cheveux asiatiques, raides comme des baguettes. Mon père, oubliez, il n’a pas de cheveux. Donc, comme une grande fille, j’ai dû me débrouiller pour trouver comment se boucler les cheveux quand on est asiatique, même si toutes mes copines à cheveux bouclés fantasmaient sur mes cheveux noirs et raides, alors que j’enviais leurs boucles naturelles (que voulez vous, on veut toujours ce qu’on n’a pas, hein). Alors il me semblait de mon devoir (sisi) de vous expliquer toutes les techniques que j’ai trouvées pour avoir les cheveux longs et bouclés de Julia, Angelina ou Eva.

1.      1.  Le fer à friser
Oui, il fallait y penser. Le fer à friser, c’est pratique, ça se branche, on enroule ses cheveux autour et ça fait des boucles. Mais, parce que bien sûr il y a un mais, ça abîme mes pointes des cheveux, donc il y a une technique à bien respecter comme expliqué là . Et aussi, avant d’utiliser tout appareil à chaleur sur vos cheveux, utilisez toujours un produit protecteur de chaleur.

Mais quand on a pas de fer a friser, on fait comment ? Et ben on utilise :

2.     2.   Le fer à lisser
Evidemment, là aussi il y a une technique (même si objectivement c’est juste on prend une mèche dans on fer à liser et on tourne, m’enfinje vous donne quand même le lien, là ), mais le problème c’est qu’on utilise encore et toujours de la chaleur, qui abîme les cheveux et les rend cassants. 

Donc quand on ne veut pas utiliser des bigoudis chauffants non plus, on prend de vieilles recettes de grand-mère pour se boucler les cheveux soi même et sans acheter des milliers de trucs super chers et qui te pourrissent les cheveux, donc dans la catégorie je veux des cheveux ondulés, je vous présente :

3.      3.  La tresse sur cheveux humides
Une fois sortie de la douche, il suffit de laisser ses cheveux secher jusqu’à ce qu’ils soient à 95% humides et ensuite de faire une tresse. Laissez secher pendant la nuit (ou la journée, si vous avez le temps) et quand la tresse est sèche, défaites là et profitez de vos ondulations ! C’est pas merveilleux ça ?

4.      4. Les boucles avec des morceaux de papier
Vidéo star de Michelle Phan (la vidéo là ), cette technique a séduit beaucoup d’internautes et d’autres moins. Ouais, je parle de moi. J’ai moyen apprécié ma tête de caniche le lendemain, surtout qu’il faut avoir une patience de moine bouddhiste pour réaliser cette technique, et je suppose qu’il faut avoir des cheveux très épais pour qu’elle marche. M’enfin pourquoi pas. 

5.   Les « faux bigoudis » 
J’ai trouvé plusieurs vidéos dans lesquelles les filles utilisaient des épingles à cheveux pour se faire des bouclettes sur cheveux humides. La technique consiste à enrouler une mèche sur elle-même pour faire une sorte de bigoudi et fixer ça sur leur tête avec des épingles à cheveux (la vidéo là ). La technique a l’air efficace, mais j’ai essayé ça la nuit, et dormir dessus, c’est carrément impossible et si vous bougez un peu trop, ça fout tout en l’air.

6.       6. Les chignons sur cheveux humides.
Bon. La technique consiste à sectionner ses cheveux en deux parties, une partie haute et une partie basse, et à ramener chacune en un chignon. Vous dormez avec deux chignons sur la tête, quoi (la technique là). Moi j’ai pas vu énormément de résultats, je ne trouve pas vraiment que ça te donne des boucles de folie quoi. M’enfin à vous de tester aussi.

7.       7. Les pin curls.
Je vous ai mis le meilleur pour la fin, parce que je pense vraiment que c’est la meilleure technique pour avoir des boucles durables sans gros effort. C’est un peu la même technique que les faux bigoudis sauf qu’on enroule les cheveux sur eux même et qu’on se les épingle directement sur le crâne, et non sur eux-mêmes. La technique est là  , elle demande un coup de main au début, mais on s’habitue vite, et les résultats sont canons.


Bon, un petit tuto épuisant, pour avoir une chevelure de lionne, même en étant asiatique. j’espère que ça vous aura plu, moi je vais m’appliquer un masque à l’huile d’argan et me faire masser les pieds par un petit chinois que je garde dans mon placard à balai.