mercredi 28 mars 2012

Du couple franco-métisse.


Je ne sais pas si je vous l’ai déjà dit, mais mes parents sont divorcés. C’est la raison pour laquelle je parle beaucoup plus de mon père que de ma mère dans ce blog, parce que je le vois beaucoup plus. Je connais très peu de couples métisses où le mari est cambodgien et la femme française. Ca se produit rarement. J’ai quelques hypothèses à ce sujet, mais je ne suis pas vraiment ethnologue alors je ne pense pas que je développerai là-dessus. Moi-même, je n’ai jamais vraiment pensé à me mettre en couple avec un homme qui n’aurait pas la même culture que celle dans laquelle j’ai grandi. Je me sentirais vraiment trop éloignée de lui, je ne sais pas si je serais capable de construire des choses avec.

Je me demande souvent si c’est parce que mes parents sont divorcés que je me tourne généralement vers des hommes français quand je veux me mettre en couple. La peur de reproduire les mêmes erreurs que mes parents, tout ça. C’est vrai que je n’ai jamais pensé à fonder une famille quand je suis partie en Chine. Pourtant, j’aurais facilement pu trouver un boulot et un chinois (les asiatiques adulent littéralement les métisses), mais je ne l’ai pas fait. Ca ne m’a jamais vraiment tenté.

Il faut dire que je connais tous les inconvénients de se mettre en couple avec un asiatique : la famille omniprésente, devoir aider tout le monde tout le temps pour être bien vue, et puis devoir se marier, et vite surtout. J’aurais absolument détesté vivre à l’asiatique. J’adore être une enfant asiatique, et me faire chouchouter par mes parents, avoir des valeurs de paix et de respect avec ses parents, mais je trouve qu’il y a encore trop de disparités entre les couples français et les couples asiatiques. Comme la répartition des tâches, l’éducation des enfants, etc. 

Je n’ai jamais vraiment été prête à totalement embrasser ma vie de cambodgienne tout comme ma vie de française. Il m’est toujours apparu que de me mettre en couple avec un asiatique, c’était devoir aussi accepter un mode de vie qui n’était pas le mien. Je sais bien que c’est assez facile de prendre le meilleur des deux cultures, de mélanger et de faire un truc super avec, mais il faudra aussi un jour que je fasse un bilan : mes enfants ne seront qu’au quart cambodgiens, comment percevront-ils leur grand père et toute ma famille du côté khmer ? 

Parce que oui, le problème du couple moi métisse + homme français, ça veut aussi dire enfants quarterons (d’ici à ce que j’aie des enfants, on trouvera un autre terme je suppose). Et eux, que retiendront-ils de la culture cambodgienne ? Se sentiront-ils parfaitement français, métisses, ou y aura-t-il une nouvelle génération, avec de nouvelles problématiques, et une nouvelle culture, que l’on appellera la culture quarteronne ?

J’essaie de m’y retrouver dans ces méandres généalogiques. Je me pose énormément de questions sur ce qu’engendre un couple métisse. Mes parents se sont mariés à la va-vite à la mairie avec deux ou trois personnes comme témoins. Et moi, je ferai quoi ? Trois mariages ? Un à la mairie, l’autre à l’église catholique, et le troisième à l’église bouddhique ? 

Je n’ai jamais vraiment envisagé le fait d’être métisse comme quelque chose de compliqué. Pour moi, c’était une question de dosage, que les autres ne comprennent pas ma situation était normal, et tout allait bien tant que moi, je m’y retrouvais. Mais finalement rien n’est si facile quand on accepte quelqu’un d’autre dans sa vie. Rien n’est tout noir, ou tout blanc (hahah ouais surtout quand on est métisse). Encore une fois, il va falloir faire face à l’inconnu, personne n’étant métisse dans ma famille à part mon frère qui n’a pas l’air de se poser ce genre de questions. Et vous, vous en pensez quoi de tout ça ?

14 commentaires:

Storia Giovanna a dit…

Demande à Jean-Luc Lemoine. Ou aux éventuels enfants de ma meilleure amie...

Soma a dit…

Je ne suis pas métisse, mais 100% cambodgienne...
Je me suis mise en couple avec un "français". Je comprends le fait que tu n'ais jms voulu te mettre en couple avec un asiatique ; je ne m'en serai jms senti capable. Je ne me sens asiatique de l'extérieur & de ma relation familiale... ms le reste non !
J'ai un oncle qui est marié avec un française depuis 15 ans p-être & ça se passe bien.
Ils ont su conjugué le métissage avec brio, ma tante est assez pratiquante, dc mon cousin est élevé ds la religion catholique... ms avc respect du boudhisme qui est davantage une philosophie de vie qu'une religion...
Ma fille se posera sans doute plein de questions quant à son métissage, j'esp qu'elle ne rejettera pas trop ses origines khmères. Je ne l'ai jms rejetée, ms je l'ai mise de côté pdt lgtps.

tévouille a dit…

@Storia, je savais absolument pas que Lemoine était métisse! Mais s'il veut écrire un article sur mon blog, je le laisse faire

@Soma certains bouddhismes se rapprochent d'une philosophie. D'autres sont une religion à part entière.
Et pour ta fille, personne ne peut prédire ce qui se passera, il y a des métisses qui font un rejet total (comme mon grand frère par exemple), et d'autres qui le vivent très bien comme moi ^^

magnificial a dit…

Bonjour,
Je pense que c'est le moment de me manifester. Mais résumons-nous : de père vietnamien et de mère laotienne, je suis née en France il y a une trentaine d'années, en couple depuis 10 ans (oh là là) avec un Français, et nous avons deux garçons de 3 ans et de 9 mois.

Avant de rencontrer mon compagnon actuel, je n'aurais pas dit non de vivre avec un Asiatique, mais de toute évidence j'ai toujours été attirée par des Français, pour la simple raison que j'ai toujours eu plus d'affinités avec la culture française qu'asiatique, et que je n'ai quasiment connu que celle-là (mis à part que j'aime manger asiatique, je ne parle que Français, et n'ai jamais mis les pieds en Asie). Chose que je partage d'ailleurs avec mon frère et ma soeur, qui ne sont sortis qu'avec des Européen(ne)s, également...

Avant de devenir mère, outre le fait que je n'avais AUCUNE idée de ce à quoi ils allaient ressembler (la loterie génétique est toujours surprenante, alors avec le métissage en plus...), je me suis posée un bon nombre de questions sur la vie que j'allais leur donner. Au final, ils ont une éducation essentiellement à la française, avec peu d'interaction avec ma culture d'origine du fait de l'éloignement - géographique et relationnel - avec mes parents. D'ailleurs je me sens parfois en lutte avec moi-même, avec l'éducation que j'ai reçue, parce que je refuse de faire les mêmes erreurs qu'eux...

Je crois que j'ai commencé cette rupture bien avant cela, par exemple en choisissant mon prénom second prénom, français, et non mon prénom laotien. J'ai aussi profité de mon mariage pour prendre le nom de famille (qui sonne bien franco-français) de mon époux : mon intégration dans ce pays est presque parfaite. Je ne me sens pas partagée entre deux cultures, peut-être que mes fils éprouveront par contre le besoin de remonter à leurs origines asiatiques, et je ne serai pas contre, bien au contraire. Ils pourront toujours questionner mes parents, et aller au pays... Je le conçois ainsi, il est impossible de renier totalement mes racines, alors je compose avec...

Bref. Pardon pour la tartine et la confusion certaine, il y a tant à dire sur ce sujet.

tévouille a dit…

@magnificial, au contraire, merci pour ton témoignage :). Je sais bien qu'il ne sert à rien de se poser des questions sur des problèmes qui n'existent pas encore (je n'ai pas d'enfants, et je n'en aurai pas de sitôt, je suis encore un bébé adulte!) mais je n'aimerais pas que mes enfants fassent un rejet total de la culture asiatique, comme ça se passe dans la plupart des cas d'enfants d'émigrés asiatiques. D'une part, parce que je sais (pour en avoir fait l’expérience) que c'est plutôt nocif pour la santé mentale, d'autre part parce que la mixité culturelle est quelque chose de précieux et qu'il faut s'en rendre compte assez tôt pour ne pas en souffrir.

Soma a dit…

J'ai mis longtemps à accepter mes origines cambodgiennes... Je ne rejetais pas cette culture, mais je la mettais de côté.
Avec l'âge, j'ai appris à aimer mes origines & mes différences. Cela est marqué sur mon visage que je "viens d'ailleurs".
Je le vis bien même si parfois je me pose des questions sur l'impact que cela peut avoir sur les autres (sans parler de racisme).
J'espère que ma fille ne rejettera pas cette origine même si elle est & sera élevée à la "française". Je pense qu'en la rejetant, je me sentirais rejetée (forcément).
Cela est plutôt complexe comme thème :)

tévouille a dit…

@Soma, oui, effectivement, c'est plutôt complexe, mais je pense qu'il est nécessaire d'en parler. On se retrouve un peu tous les uns dans les autres parce que finalement, on a un peu tous été élevés pareil, nos parents ayant tellement peur que la France nous rejette qu'ils nous ont complètement immergés dans la culture française. Ce n'est pas forcément mauvais. Mais ça n'apporte pas que des bonnes choses non plus.

Mon papa en est conscient, et aujourd'hui, s'étant remarié avec une cambodgienne et ayant un petit garçon de 5 ans, il ne se comporte pas de la même manière en matière d'éducation. Mon petit frère parle cambodgien et français, et il aura parfaitement conscience, plus grand, qu'il n'est pas "que" français.

Je ne sais pas si, moi-même, je le sais aussi.

magnificial a dit…

Je rebondis sur ta réponse. Loin de moi l'idée de tourner définitivement le dos à ma culture d'origine, et de couper complètement mes enfants d'une partie de leur héritage. Seulement, je suis un peu forcée de faire ce choix pour moi, car je n'entretiens pas une relation spécialement chaleureuse avec mes parents, ce qui fait que je préfère limiter les rapports. A vrai dire, s'il n'y avait pas les enfants, j'aurais coupé complètement les ponts.
Je le répète encore une fois, je ne peux pas nier ni renier mes racines, je sais que je suis d'origine asiatique, même mon mari aime bien me le rappeler en relevant certaines différences rien que dans notre quotidien, parce qu'il aime bien me faire enrager. Au fond, je l'assume plus ou moins bien, et j'espère en tout cas que mes enfants s'en sortiront beaucoup mieux que moi...

tévouille a dit…

@magnificial ce qui me perturbe beaucoup, c'est qu'énormément d'enfants d'émigrés asiatiques n'entretiennent pas de si bonnes relations avec leurs parents que ça, et ce, pour énormément de raisons que j'énumérerai certainement dans un article. Je ne prône pas l'union dans la famille à tout prix, faut pas déconner, mais je trouve dommage qu'autant d'enfants pensent à leurs relations avec leurs parents comme une fatalité. Mon père est devenu sujet aux pressions de la communauté cambodgienne quand il s'est remarié avec ma belle-mère. Et j'en ai pâti. J'en ai vraiment morflé, et je le raconte dans presque tous les premiers articles de ce blog. Aujourd'hui, j'ai réussi à transformer ces relations pour qu'elles deviennent plus harmonieuses sans couper les ponts. Je ne dis pas ça pour donner des leçons ni pour me vanter de mes expériences passées, mais je pense qu'il faut donner un message d'espoir a la 2e génération. Rien n'est jamais perdu.

Tara a dit…

Je découvre ton blog et ton article me vise en plein coeur, car je suis moi aussi eurasienne ..
Mes parents sont tous les 2 eurasiens et en tout j'ai quand même pas mal d'origines ! Donc pas facile de s'y retrouver et de savoir ou est sa place, quand les petits morveux de l'école te traitent de chintok et que la communauté asiatique ne te prend pas vraiment au sérieux ..
Mes parents m'ont élevée à la française, comme on dit.
Pas de baguettes pour les repas (et oui, j'en ai toujours eu honte)(mais j'assume), même pas l'apprentissage de la langue ..
Ce que je regrette.
Car ma grand mère ne parle que viet et c'est très dur de communiquer avec quelqu'un qui n'a jamais appris le français et vice versa.
J'aurai aimé aussi qu'ils aient gardé des contacts avec la famille que j'ai là bas .. Mais avec le départ précipité d'Indochine vers la France, je crois que c'était pas la priorité ..
Et je pense qu'on sait toutes de quoi je parle .
Bref, moi aussi j'ai toujours été attirée par les européens. Je n'ai jamais envisagé un asiatique, physiquement et culturellement, ça ne passerait pas.
Et pis les gouts et les couleurs hein ..
Voilà pour le petit racontage de life, je sais qu'on est plusieures dans ce cas là, à avoir du mal à trouver sa place, le cul entre deux chaises ..
Mais ce qui est bon, c'est de rencontrer LES personnes, qu'elles soient asiat' ou non, à vous faire prendre conscience que notre place, c'est justement sur ces 2 chaises .. Enfin pour ma part.

tévouille a dit…

@ Tara, oui, effectivement, si tu réussis a trouver les bonnes personnes nécessaires à ton développement, c'est clair que ça aidera!
Et puis, je sais que tu regrettes de ne pas être bilingue de naissance, mais il n'est jamais trop tard pour apprendre, moi j'ai appris quelques rudiments, maintenant je comprends un mot sur trois, et j'ai pas à me plaindre, tout le monde fait des efforts et on finit par se comprendre :)
Vraiment, je pense qu'il ne faut pas partir avec des regrets de l'éducation que l'on aurait du/pu avoir. C'est la façon dont on a grandi qui fait ce que nous sommes aujourd'hui. Il est toujours temps de changer ce que l'on trouve dommage de ne pas avoir accompli, on a toute la vie pour ça! :)

Lae a dit…

Hello bon c'est mon 1er com' ici ^^ !!

Topo : ma mère est française, mon père tunisien, mes cousines sont métissées (mère française père antillais) et mon petit ami est franco vietnamien..... tout ça pour dire que le métissage je connais bien ^^ !!

Je comprends ton sentiment "général" m'étant posé dans ma "jeunesse" beaucoup de questions sur ma double culture et ayant été confronté parfois violemment à des réactions de mes 2 familles opposées...j'ai rejeté en bloc cette double appartenance puis j'ai commencé à apprivoiser mon patrimoine génétique et ce que je sais aujourd'hui c'est que oui j'ai bien le cul entre 2 chaises mais c'est ce qui fait aussi mon équilibre !!

Avoir 2 cultures c'est un fardeau parfois mais surtout une richesse et peu importe les choix que tu fais ensuite il faut que tu restes fidèle à toi même sans trop te poser de questions sur l'éducation de ta future progéniture par ex et autre...il faut prendre je pense les choses "simplement" dans le sens où ta double culture est ton bagage, tu as un vécu mais c'est à toi de construire ta route alors fais le en cherchant ton harmonie ^^

Je sais pas si c'est très clair ce que je dis ^^

Anonyme a dit…

Oui je n ai jamais vu depuis que j ai vecu en France Un seul enfant qui vit en France Aide à ses parents à faire quelque choses dans la maison si vous trouverez un spécimen un je dis un ,envoyez moi son nom et son adresse pour que je sache cette espèce tres tres rare .

Anonyme a dit…

Critiquer les parents oui mais les aider aller voir!!!!!