mercredi 3 décembre 2008

Le sourire du Bouddha


Je parle souvent de mon papa comme le grand méchant loup, la peur au ventre, et le ressentiment coincé entre les dents. Il est vrai que quand on a été élevé a la française, voire a la Dolto, qu'on nous a toujours tout expliqué dans les moindres détails, qu'on a toujours répondu a toutes nos questions, même les plus stupides, on a du mal à avaler le concept de respect de l'adulte sans respect retour, du « ta gueule ou tais toi », et du « tu le fais sinon honte à toi sur trois générations » .

Chez les khmers, on nous inculque ça dès l'enfance par principe, par culture, pour que les enfants sachent que c'est par l'expérience et la connaissance qu'on gagne le respect
. C'est aussi à cause de la culture que l'on apprend dès tout petit le respect des ancêtres, qui nous ont enfantés, qui ont vécu des choses horribles comme la guerre des khmers rouges tout comme des choses géniales dont je reparlerai dans de prochains articles.

Et puis, apprendre à encaisser les ordres sans rien dire et les reproches de nos ancêtres, ça nous apprend aussi à relativiser beaucoup de choses sans en penser moins. Mon père en a fait une technique très élaborée que j'aimerais un jour savoir reproduire: le sourire du Bouddha.

Je pense que c'est une technique que mon père a dû travailler des années et des années.

Quand on voit mon père pour la première fois, on se dit que c'est un homme qui ne parle pas beaucoup, et ne montre pas beaucoup ses sentiments non plus.
Pendant les fêtes de famille, il s'assoit dans un siège bien confortable, dit deux trois phrases dans la soirée, et sourit de temps en temps. C'est la technique du sourire du Bouddha: quand mon père entend une énormité, et qu'il sait que s'il répond pour rétablir la vérité, il finira par faire perdre la face a son interlocuteur, il sourit un peu mais pas trop, comme un Bouddha. Cela pour a la fois soulager son trop plein d'émotion en entendant les informations erronées, et aussi pour montrer qu'il ne perd pas le fil de la conversation, même s'il ne parle pas des masses.

Je ne sais pas exactement si cette technique provoque des répercutions sur la santé de mon papa, mais il a l'air de relativement bien se porter, comme si les années d'entraînement dans son enfance avec ses propres parents avaient porté leurs fruits.

Mon père a peut être des méthodes d'éducation très discutables pour les occidentaux
. Il a peut être été un peu rude avec moi, des fois, beaucoup de fois, ou même beaucoup trop de fois. Mais il se retient de faire perdre la face ou de vexer un nombre démesuré de personnes, en employant une technique qui a été créée grâce à la rudesse de ses parents, et les remarques de ces ancêtres. Qui suis-je donc pour dénigrer cette éducation? Je subis, avec le sourire du Bouddha, pour peut être moi aussi, un jour, épargner un grand nombre de personnes de la rudesse et du manque de tact typiquement occidentaux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Et je ferai bien de m'en inspirer de ce fameux sourire !
Merci pour cet article,
marie

tévouille a dit…

Et bien de rien! Et pour le soja l'investigation est encore en cours... Apparemment le but est de faire pousser le soja dans l'obscurité pour qu'il ne verdisse pas...
Après les détails techniques de brique de lait, ça je sais pas ce qu'elles en font.

Affaire a suivre